Première rencontre internationale des jeunes Walser à Gressoney
Les lieu et heure de rendez-vous avaient été prévus près du
Walserkulturzentrum, au premier étage de l'Office de tourisme de Gressoney, le
vendredi 16 novembre à 12 heures. Le départ était programmé pour le lendemain,
après le déjeuner.
Les participants :
Simon Della Pietra (Bosco Gurin, Suisse : Tessin)
Stefan Heim (Mittelberg, Autriche)
Katharina Pfeifer (Silbertal, Autriche)
Francesca Busso (Issime, Italie)
Peter Angster (Gressoney-Saint-Jean, Italie : Val de Lys)
Davide Sartori (Bosco Gurin, Suisse : Tessin)
Monica Glenti (Gressoney la Trinité, Italie : Val de Lys)
Linda Pennati (Premia, Italie)
Thomas Gadmer (Chur, Suisse : les Grisons)
Federica Antonielli (Formazza, Italie)
Valéria Cyprian (Gressoney-Saint Jean)
Sacha Devillaz (Vallorcine, France)
Fanny Devillaz (Vallorcine, France)
Ces deux journées ont été orchestrées par Rudi et Jasmine Bucher (les
Grisons) et Flaminia Montanari (Val d’Aoste)
La situation de départ pour cette rencontre
avait été ainsi définie dans un document distribué à chaque
participant dès leur arrivée :
« Les participants de la Conférence du Futur du mois de mai 2007 ont défini un projet de jeunesse Walser comme la mesure la plus importante à réaliser au terme du projet « Walser Alps ». Davide Sartori s’est mis à disposition pour en prendre la responsabilité.
Dans le cadre du projet « Walser Alps » plusieurs projets autour des jeunes ont été réalisés. Aucun ne connaît actuellement une suite, mais plusieurs jeunes ont exprimé être intéressés.
Les objectifs et activités des associations Walser sont définis par de vieux Walser, c’est à dire que les jeunes Walser sont peu intégrés dans le processus de décision. Il y a peu de jeunes Walser qui prennent en main l’initiative activement. »
Flaminia Montanari (Aoste) a pris en main l’initiative et
assuré le financement du premier atelier afin d’aider à préparer un projet pour
les jeunes Walser. »
Méthode utilisée : travail de groupes,
présentation et discussion des résultats, sélection faite par distribution de
points, décisions prises par la majorité des personnes présentes.
Projet retenu au terme de la rencontre:
Un projet d’échanges entre jeunes jusqu’en 2010, lors de manifestations déjà existantes dans chaque commune
- Pour 100 personnes (on s’est lancé le défi de toucher au moins 100
personnes)
- Sur trois années
- Pour les jeunes à partir de 15 ans.
Ce projet prévoit d’impliquer une centaine de familles d’accueil (avec des jeunes du même âge de préférence) rémunérées sur une base de 30 € par jour ou avec une caisse collective
-Les transports sont financés par les associations Walser
-Début du projet : Juin, juillet 2008
-Budget de base : 100 000 € (avec une réserve pour la gestion, les
rencontres des organisateurs et autres)
Le développement de l’ébauche du projet et son envoi à tous les partenaires se feront avant février 2008
Prochaine rencontre: le samedi 12 avril, à Locarno, en Italie
Compte-rendu de la Conférence des Jeunes
J’ai recueilli leur témoignage, sous forme d’interview, à leur retour de ce séjour sous le mont Rose. Séjour de toute évidence très constructif.
N.D : Sacha, qu’est-ce-qui t’a motivé à participer à cette rencontre ?
Sacha : J’en ai entendu parlé la première fois le jour de
l’inauguration du sentier Walser à Vallorcine. Je me suis inscrit de moi-même
parce que comme je m’étais investi dans le projet (le projet
« Walser-Alps ») au niveau local, je souhaitais aller à la rencontre
des Walser dans d’autres pays.
N.D : Est-ce-que cette rencontre a répondu à tes attentes ?
Sacha : Oui, je voulais rencontrer d’autres jeunes, parler avec eux d’un projet commun, découvrir Gressoney où je n’étais jamais allé. Et je voulais voir si les jeunes de là-bas avaient autant d’attachement à leur village que moi.
N.D : C’était le cas ?
Sacha : Oui, ils sont fiers. Je pense que eux ils connaissent davantage leurs origines que nous car ça figure un peu partout, le mot Walser est marqué partout sur des panneaux. Donc ils sont encore plus fiers d’être Walser que nous.
N.D : Comment se manifeste cette fierté ?
Sacha : Déjà il y en a un, quand il s’est présenté, il a précisé que c’était un jeune Walser.
N.D : Est-ce-que tu t’es senti des points communs avec eux ?
Sacha : Oui, on est des gens de la montagne…du milieu sportif…
N.D : Comment ça s’est passé au niveau de la communication ?
Sacha : Il y en avait beaucoup qui parlaient français. Au début on avait formé deux groupes de travail, avec les Italiens d’un côté et ceux de langue allemande et française de l’autre. Pour Fanny et moi, Rudi traduisait. Nous, ici, la première langue qu’on apprend c’est souvent l’anglais. Eux, en Italie, j’avais l’impression que c’était le français car ils n’ont pas parlé anglais. Mais je ne suis pas sûr. Nous, on a parlé anglais avec les Autrichiens.
N.D : Tu as aussi fait de l’italien au collège. Est-ce que ça t’a donné envie de perfectionner les langues que tu as apprises ?
Sacha : Oui, car avec le projet qu’on a choisi c’est mieux de bien se comprendre.
N.D : Alors, justement, ce projet, comment vous l’avez défini ?
Sacha : On a fait plusieurs ateliers. On a discuté sur les thèmes qu’on nous avait proposés. Il y avait trois questions : quelles sont les préoccupations des jeunes Walser ? Quelles sont les attentes des vieux Walser vis à vis des jeunes ? Comment les besoins des Walser, jeunes et adultes, peuvent être noués au profit de tous ? Après différentes réflexions, on en est arrivé à inscrire chacun sur des cartons plusieurs projets. On nous avait dit qu’on pouvait se lâcher, imaginer plein de choses. Il y a eu beaucoup de propositions. C’était très bien

Sacha : Oui, on a proposé une rave-partie Walser, des grillades Walser… Moi, j’avais proposé une compétition sportive, la Walser cup. Il y en a un, Peter, il disait qu’il fallait nommer chaque année le meilleur sportif Walser de l’année et que c’était lui qui devait représenter les Walser toute l’année. Ce serait le porte-drapeau des Walser.
N.D : Et ensuite ?
Sacha : Ensuite tous les projets ont été reportés sur un tableau, regroupés quand ils se ressemblaient et on avait cinq points chacun à distribuer sur un projet. On n’avait pas le droit de mettre plus de deux points sur un même projet. Au final, les échanges scolaires ont obtenu 11 points, l’attribution d’un label Walser sur des produits 10 points, la création d’un réseau touristique 7 points, la mise en place d’un bus « Walser express » 6 points, la rédaction d’un journal 5 points, les rencontres sportives 5 points et la création d’un festival (musique et culture Walser) 5 points aussi. Ensuite on a échangé. On a éliminé ce qui était déjà fait ou pas réalisable pour l’instant et un seul projet a été retenu.
N.D : Tu ne regrettes pas d’être allé à Gressoney ?
Sacha : Non, pas du tout parce que Gressoney c’est joli…comme les Italiennes (il sourit). Les gens sont sympathiques et très accueillants. Et ce projet m’intéresse beaucoup
N.D : Est-ce-qu’après ces deux journées de rencontre, tu penses qu’on peut envisager un avenir pour le projet « Walser-Alps » ?
Sacha : Oui, parce qu’on sent une grande motivation chez
tous les participants et que le projet va se réaliser, c’est sûr.
N.D : Fanny, comme ton frère Sacha tu as accepté de prendre part à cette
conférence des jeunes. Qu’attendais-tu de cette rencontre internationale ?
Fanny : Je voulais comparer les problèmes actuels des jeunes
dans d’autres villages de montagne.
N.D : Quelle était la moyenne d’âge des participants, leurs
motivations ?
Fanny : Je pense que c’était entre 18 et 30 ans. Leurs
motivations étaient les mêmes que les nôtres. Au départ, on ne savait pas trop
de quoi on allait parler. La première motivation c’était de se rencontrer,
d’échanger et monter un projet ensemble
N.D : Est-ce-qu’ils ont parlé de leurs activités, de leur profession ?
Fanny : Oui mais je ne me rappelle pas de tout…Il y avait des moniteurs de ski, des entraîneurs de ski, des personnes travaillant dans des offices de tourismes…
N.D : Est-ce-que tu t’es sentie des points communs avec eux ?
Fanny : Oui, on a les mêmes problèmes pour trouver du travail en périodes creuses, hors saison touristique. On se pose aussi beaucoup de questions parce qu’on n’a pas tellement envie de quitter nos vallées mais ce n’est pas toujours évident d’y rester.
N.D : Est-ce-que comme pour Sacha, tu as eu le sentiment qu’ils étaient fiers d’être Walser ?
Fanny : Eux oui, ils sont très fiers. Plusieurs ont dit qu’ils étaient des jeunes Walser en se présentant. Nous on commence tout juste à percevoir cette identité.
N.D : Cette identité Walser, tu l’as perçue à quel niveau ?
Fanny : C’est écrit partout. Et puis même dans leurs propositions…pour se faire connaître ou dans leurs idées pour se rencontrer. Par exemple, ils voulaient créer un canal TV Walser, une radio Walser, une marque de produits Walser. Le mot Walser est très présent.
N.D : Tu étais déjà venue skier dans le val Gressoney. Qu’est-ce-qui était différent cette fois ?
Fanny : La première fois, je ne connaissais pas du tout. J’y étais allée pour skier. Là, je savais que je venais pour une rencontre spéciale avec les Walser. J’ai davantage regardé autour de moi, l’architecture, si je retrouvais des points communs avec Vallorcine.
N.D : Qu’as-tu le plus apprécié dans ces échanges ? ou regretté ?
Fanny : Ce que j’ai le plus apprécié c’est la gentillesse des gens, la disponibilité et les efforts fournis pour tout traduire en français chaque fois. Et on sent vraiment la motivation générale de monter un projet concret. Ils m’ont impressionnée dans leur investissement. Tu sens que ce sont des gens qui peuvent faire quelque chose pour toi, qui peuvent même faire bouger les choses sur le plan politique par le biais de l’association Walser, si besoin.
J’ai regretté au début qu’on ne soit pas plus nombreux mais dans le fond c’était très bien comme ça à cause des traductions simultanées. Mais à l’inverse, plus on est, plus on apprend. J’ai aussi regretté de ne pas connaître avant les thèmes abordés. On aurait pu préparer à l’avance et encore plus approfondir. Mais là, c’était une première rencontre et ça se faisait spontanément et l’objectif a été vraiment atteint. Par la suite, on pourrait faire d’autres rencontres sur des thèmes plus précis où on approfondirait d’avantage.
N.D : Qu’avais-tu proposé comme projet ?
Fanny : Des idées d’échanges mais pas seulement entre jeunes, plutôt entre les anciens et les jeunes parce que les anciens peuvent transmettre leurs connaissances aux jeunes.
N.D : Lesquels t’ont semblé les plus originaux, même s’ils ne sont pas
réalisables ?
Fanny : Une rave-partie Walser, ça m’a fait rire. C’était vraiment un projet de jeunes.
N.D : Que penses-tu du projet qui va être mis en place ?
Fanny : Très bien ! Génial ! Il est réalisable, ça
c’est déjà bien. Et puis ça va faire sortir les jeunes de leur vallée. Des
familles accueilleront. Il y aura des
échanges. J’espère juste que les jeunes qui bénéficieront de cette opportunité
seront briefés à l’avance, qu’ils ne le feront pas juste dans l’esprit de
« vacances à l’Etranger » mais qu’ils seront surtout sensibles au
contexte de ces échanges : des échanges entre communautés Walser de
différents pays.
N.D : Penses-tu comme Sacha que le projet Walser Alps a un véritable
avenir ?
Fanny : Oui, c’est sûr ! Quand tu vois le monde qui est autour de ce projet… Ils sont passionnés. Déjà ils ont fait beaucoup de recherches. Il n’y a que du bon et ce n’est pas intéressé. Tu sens vraiment qu’ils sont tournés vers les autres. Il y a la personnalité des gens qui s’en occupent. C’est grâce à eux qu’on retrouve nos racines et qu’on se rencontre. Moi, ça m’a motivée.